Désirer toujours.
« Un romancier russe, Ivan Gontcharov, a inventé au XIXe siècle le personnage d’Oblomov, héros qui incarne la figure du paresseux absolu.
Sa patrie est son canapé. Son but : la sieste. Son plaisir : ne rien faire. Les Russes ont forgé le mot d’oblomovisme pour désigner ce penchant au renoncement total.
Derrière l’apparente démission d’Obmomov, se cache un mal plus grave que la simple fatigue. C’est la fin du désir dont il est question ici. Et la fin du désir est la porte de la mort.
Contre la figure d’Oblomov, je préfère celle de l’aventurier.
Celui-ci ne renonce à rien. Il est pétri de ses rêves, il a soif de les vivre. Il aime se lever et dire oui à la vie. Il prend son piolet (ou son gouvernail, c’est selon), il taille la route. Il n’est jamais fatigué puisqu’il choisit la vie de plein vent et que le vent ne tarit jamais.
Il convoite un sommet, une île déserte, une paroi, un océan, une jungle, un couloir de pente raide… La Terre est une table dressée, il veut son festin.
Il fait au monde l’offrande de son aventure et par là-même, contrairement à Oblomov, il écarte toute tentation nihiliste.
Parfois il échoue. Qu’importe, il s’est dressé sous le soleil, frémissant de désir.
Une fois que vous aurez relu l’Oblomov de Gontcharov, ouvrez le programme de la 26e édition du Festival Aventure & Découverte de Val d’Isère.
Parfois, j’ai l’impression que notre époque a perdu la fureur de vivre et la rage d’agir, sa confiance et son désir. Libido zéro, comme dirait le docteur Freud.
Au moins, chaque année, à Val d’Isère, pendant quatre jours, je me rassure. »
Sylvain Tesson.