Se ménager ? – mot de Sylvain Tesson

EDITO SYLVAIN TESSON

« Quand on s’est toujours beaucoup ménagé, on finit par tomber malade à force de ménagements ». Il semblerait que Zarathoustra qui a prononcé cette sentence au premier chapitre du livre troisième d’Ainsi parlait Zarathoustra serait reçu plus cordialement au Festival Aventure & Découverte de Val d’Isère qu’au conseil de défense sanitaire. Lui, danseur de corde, voyageur de l’absolu et dynamiteur des conformismes a toujours incité ses disciples à escalader les montagnes plutôt qu’à « prendre soin de toutes et tous pour notre confort et notre sécurité », comme on dit aujourd’hui en langage débilo-managérial.

Merci aux voyageurs et aventuriers qui se succéderont, cette semaine, sur la scène du festival. Merci à eux d’avoir continué cette année à courir le monde, à contempler ses beautés, à célébrer la vie et l’aventure. Sur les mers, parmi les monts, au cœur des plaines, « par les grèves et par les champs », ils ont offert à leur existence un surcroît de vie. Ils en ont rapporté une moisson d’images et de mots, de souvenirs et d’enseignements. Ils nous les offriront au cours des quatre soirées que nous allons passer en leur compagnie. Ils nous aideront à mieux comprendre la Terre, à vouloir davantage la découvrir, à l’aimer plus peut-être. Après les projections, quand nous sortirons du centre des congrès, si nous tournons nos yeux vers le ciel pour nous demander, comme le poète allemand Heinrich Heine : « Qui habite là-haut dans les étoiles d’or » ? nous pourrons nous adresser au président du Jury, le physicien-philosophe (pléonasme) Étienne Klein. La Terre, le ciel, la vie, le temps, l’espace et l’aventure : Zarathoustra serait content car à Val d’Isère, on ne se « ménage » pas.

Sylvain Tesson