Édito
Rendez-vous du 14 au 17 avril 2025 pour la 28ème édition du Festival International du Film d’Aventure et de Découverte de Val d’Isère !
« L’aventure est la direction que la volonté donne aux rêves. »
Sylvain Tesson.
Le coeur et la raison
« À chaque édition du Festival Aventure et Découverte de Val d’Isère, je me demande quelle est la part d’irrationnel qui anime les aventuriers. Que cherche-t-on quand on se lance dans une paroi impossible, dans des rapides furieux, des steppes invisibles ou des mers sans contours ? Que veut-on fuir ? Que veut-on conquérir, que cherche-t-on à expier ? Quel Graal, quelle étoile, quelle quête au bout de l’horizon ?
Souvent, j’ai pensé qu’il y avait une part de folie dans ces exploits. J’appelais « dinguerie » cette envie d’en découdre avec le monde.
Mais en découvrant les films de cette 28ᵉ édition, en rencontrant les héros et les réalisateurs, vous vous rendrez compte avec moi que les aventuriers sont beaucoup plus solides mentalement qu’on ne le croit !
Ce n’est pas « le risque pour le risque » qu’ils cherchent. Tous nous le confieront – de Nouria Newmann à Pierre Petit, d’Eliott Schonfeld à Yohan Guignard, Arthur Bourbon, et à tous ceux que je ne peux citer dans ces lignes : l’esprit d’aventure accepte l’imprévu, l’audace et le danger d’autant mieux que le risque aura été mesuré, étudié, maîtrisé. Les alpinistes, marins et explorateurs qui vont se succéder sur la scène pendant quatre jours ne sont pas des têtes brûlées mais des cœurs aventureux, doublés d’un esprit rigoureux. Rêveurs certes, mais le rêve sur les épaules.
S’ils affrontent le danger, ce n’est pas par goût morbide mais par conviction que leur désir de vivre s’accommodera du risque après en avoir triomphé.
Or, l’essayiste Catherine Van Offelen vient tout juste de mettre un mot sur cette harmonieuse proportion, chez le voyageur, entre l’audace et la raison : la phronèsis. C’est un concept de la Grèce antique. Nos sociétés modernes l’ont improprement traduit par « prudence », le réduisant au « principe de précaution », qui anesthésie l’action et racornit l’âme.
Dans son livre Risquer la prudence (éditions Gallimard), Van Offelen définit cette vertu qui semble avoir été taillée pour les participants du festival Aventure et Découverte. La phronèsis est une sagesse pratique, un art de l’action qui ne refuse pas le péril mais le soupèse avant de l’épouser, le regarde dans les yeux et l’aborde intelligemment.
Rien de plus audacieux que le prudent. Rien de plus sérieux que le risque-tout. Rien de plus mesuré que l’aventurier. Et rien de plus vital que cette 28ᵉ édition d’Aventure et Découverte !
Entre autres preuves de la soif de vivre exprimée à chaque heure pendant notre festival, la présence de la présidente Claire Chazal, avocate infatigable des arts et des lettres, du goût et du verbe, du voyage lointain et intérieur. Elle consacre de longues journées de sa vie à la danse classique.
C’est une autre aventure : celle du geste contenu, du mouvement maîtrisé, de la force retenue. Entre la grâce et la phronèsis, cette année, l’aventure est bien entourée ! »
Sylvain Tesson.